
Les géants du numérique n’ont plus vraiment la cote. Google, Apple, Meta et les autres entreprises technologiques font face à des procès en position dominante de part et d’autre de l’Atlantique. Les révélations en pagaille sur les entorses à la vie privée et les manipulations de données personnelles n’ont rien arrangé : Affaire Cambridge Analytica, amende monstre contre Google, les polémiques ne manquent pas.
Dans ce climat, le ralliement d’une partie de la Silicon Valley à l’administration Trump a fini de convaincre certains et certaines de quitter les plateformes des géants du Net. J’en fais partie. Après 3 ans de lente transition, j’ai (quasiment) réussi à migrer ma vie numérique hors des serveurs de Google, après y être pourtant resté une quinzaine d’années.
Voici la liste des applications et services dont j’ai réussi à me passer après beaucoup d’essais, souvent infructueux… Et ceux qui squattent toujours l’écran d’accueil de mon téléphone.
Comment j’ai retiré Google de ma vie
Déménager toute son identité numérique ne se fait pas en un claquement de doigts. Pour réussir sa transition, il est nécessaire d’y aller progressivement et par palier.
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Il existe beaucoup de manières de s’atteler au processus de dégooglisation, voici celles que j’ai identifiées en allant de la plus facile à la plus difficile.
1 — Remplacer ses applications
Première étape facile du parcours : remplacer tranquillement les services dont on souhaite se passer. Voici ma liste, qui est certes le fruit de longs ajustements, mais qui reste très personnelle, les préférences de chacun étant propres.
Gmail ⇒ ProtonMail
Bien connue des technophiles, l’entreprise suisse Proton offre une solution de mail gratuit et chiffré pour remplacer Gmail. Avec Proton Drive et Proton Calendar, c’est aussi une des offres logicielles les plus complètes pour remplacer efficacement l’écosystème Google. Malheureusement, l’offre gratuite est très limitée et il faudra rapidement souscrire un abonnement pour tirer pleinement parti du service.
Autres alternatives : kSuite. Tuta.
Chrome ⇒ Firefox
Logiciel libre, Firefox n’est plus vraiment aussi populaire qu’auparavant, mais reste une alternative tout à fait honnête à Chrome, même sur mobile. Avec sa collection d’extensions, il saura sans doute répondre à bon nombre de vos besoins. Bonus, beaucoup de ces dernières sont aussi disponibles sur mobiles.
Autres alternatives : Orion, Safari
Google ⇒ Kagi
Ce ne sont pas les moteurs de recherche qui manque pour remplacer Google, mais, parmi la pléthore d’alternatives, Kagi tire particulièrement son épingle du jeu grâce à la qualité de ses résultats, qui rappellent tout simplement le Google d’antan. Malheureusement, il faudra automatiquement payer si vous effectuez plus de 2-3 recherches par jour.
Pour aller plus loin
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Autres alternatives : Qwant, DuckDuckGo, StartPage.
Google Photos ⇒ Immich

Service d’hébergement de photo assez similaire à celui de Google, Immich à l’avantage d’être un projet libre et open source. Il est possible de l’héberger soi-même sur un serveur maison ou de déployer une instance personnelle sur un service comme Pikapods.


Cette montre ultra-fine et légère en titane et verre saphir permet une analyse professionnelle des sports d’extérieurs : cartes de golf intégrées, suivi d’itinéraires pour les sports nautiques, cartes de contour hors ligne pour le trail… Le tout jusqu’à 10 jours d’autonomie.
Autres alternatives : Ente Photo.
Google Drive / Agenda / Contacts ⇒ kSuite

Développé par la société suisse Infomaniak, kSuite offre une alternative simple et gratuite à Google Drive avec un espace de stockage en ligne et un éditeur de document robuste. L’entreprise embarque dans la même offre une application de gestion des contacts, un calendrier en ligne et même une adresse mail.
Autres alternatives : Proton Drive/Calendar. Zaclys Nimbus. Framapad.
Google Keep ⇒ Notesnook

Loin de la philosophie post-it de Google Keep, Notesnook se présente comme une solution de carnet en ligne façon Evernote. L’app regorge d’options de tri, de formatage et est chiffrée de bout en bout.
Autres alternatives : StandardNotes
Play Store ⇒ Aurora Store

Véritable joyau de l’écosystème Google, le Play Store contient toutes les applis Android les plus populaires. S’il n’existe pas proprement d’alternatives aussi fournies, il est tout de même possible de se passer du magasin de Google. Aurora Store, par exemple, fournit un accès anonyme à toutes les applications du Play Store, sans passer par un compte Google.
Autres alternatives : F-Droid/Droid-ify. Obtainium.
Localiser mon appareil ⇒ FMD

Si vous souhaitez carrément désactiver les fonctions de localisation de l’appareil à distance offerte par Google, l’application Find My Device sur F-Droid fait du bon boulot, mais nécessite un peu de paramétrage.
Google Meet ⇒ Jitsi Meet
Libre et chiffré, Jitsi Meet offre toutes les fonctionnalités de base qu’on peut attendre d’un logiciel de visio et ne nécessite aucun compte ou aucune connexion. Signe de son sérieux l’application est sur la liste des logiciels libres conseillés par l’État français.
2 — Dire adieu à son compte Google
Si vous avez réussi à remplacer toutes les applications présentes sur votre téléphone, pourquoi ne pas essayer d’utiliser ce dernier sans compte Google ? Android fonctionne effectivement très bien sans connexion aux serveurs de Mountain View.
Question vie privée, ce n’est pas encore la panacée, puisqu’il existe d’autres manières de lier un smartphone à une personne, mais c’est un bon entraînement pour voir si vous pouvez vous passer au quotidien des services de Google. Bonus, vous pourrez continuer à utiliser YouTube ou Google Maps sans compte. Votre activité ne sera simplement pas synchronisée entre vos appareils.
3 — Désactiver des applications
Attention, on rentre ici dans les phases les plus complexes et dangereuses du processus. Si vous avez suivi toutes les étapes jusque-là, mais que vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez carrément supprimer certains services Google de votre appareil Android pour minimiser encore plus le risque de transmission de données.
L’application Canta permet de désactiver n’importe quelle application sur votre mobile. Cela requiert l’utilisation en parallèle de Shizuku, un service qui donne accès à certains paramètres système d’Android sans avoir à rooter l’appareil.
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Faites tout de même très attention à ce que vous faites et ne supprimez que les apps dont vous êtes sûr que la disparition ne provoquera pas de bugs.
4 — Changer d’OS
Stade ultime de la suppression de Google de nos vies, le remplacement d’Android par un système d’exploitation différent permet de se débarrasser complètement de la mainmise du géant sur votre téléphone. Beaucoup de ces OS alternatifs (aussi appelé ROM) sont basés sur Android (et donc compatible avec la plupart des apps que vous connaissez), mais bricolent le code à leurs façons.
L’une des meilleures alternatives à l’Android de Google se nomme GrapheneOS. Le système met tout particulièrement l’accent sur la sécurité et la vie privée, mais reste compatible avec la plupart des apps Google. Malheureusement, seuls les Pixel de Google peuvent installer cet OS. Pour les autres téléphones, il est possible de se tourner vers des systèmes comme /e/OS ou LineageOS.

Attention tout de même, il est possible que certaines applications bancaires ou d’autres services spécifiques ne fonctionnent pas sur ces ROMs alternatives. Vérifiez bien la compatibilité de vos apps préférées avant de vous lancer. Soyez également prévenus, l’installation d’un OS alternatif requiert des bonnes connaissances techniques et effacera toutes vos données au passage. Pensez donc bien à faire des sauvegardes.
Les Indégooglables
Il existe malheureusement certaines applications Google dont je n’ai jamais pleinement réussi à me passer, et ce, pour plusieurs raisons.
Google Maps
Si il existe beaucoup d’alternatives concrètes à Google Maps (Organic Maps, Mappy, Here WeGo pour n’en citer que quelques-unes), aucune ne parvient à offrir la même expérience que l’app de Google pour une simple et bonne raison : tout le monde utilise Google Maps.
Cela signifie que la plupart des magasins, lieux de culture ou autres services publics feront attention à mettre leurs informations à jour sur Google Maps, mais pas forcément ailleurs. Un cercle vicieux qui rend plus difficile l’utilisation d’applications alternatives.
Mention spéciale à Organic Maps tout de même, qui permet de profiter des excellents fonds de carte de OpenStreetMaps dans une appli simple et jolie.
Clavier Google
Là aussi, il est techniquement facile de trouver des alternatives au clavier Google, mais il s’agit plus d’une histoire d’habitude. Si vous avez vos réflexes sur un clavier, il peut être difficile de passer à un autre. Surtout si vous écrivez à longueur de journée comme moi.

Néanmoins, si vous n’avez pas peur d’essayer des alternatives, Futo Keyboard ou HeliBoard font probablement partie des solutions les plus intéressantes.
YouTube
Encore une fois, les alternatives à YouTube ne manquent pas. Que ce soit pour l’hébergement de vidéos (PeerTube) ou pour la consultation du catalogue via un service tiers (NewPipe, LibreTube).
Malheureusement, comme pour Google Maps, la domination de Google est telle dans le domaine que peu de spectateurs/spectatrices et créateurs/créatrices osent se lancer sur d’autres plateformes, rendant leur attrait moindre. Quant aux clients alternatifs offrant un accès au catalogue YouTube, Google leur fait la chasse depuis de nombreuses années.
Les réseaux sociaux
Facebook, X (Twitter) et les autres ne manquent pas de concurrents, mais, comme pour YouTube, c’est le carnet d’adresses plus que la plateforme en elle-même qui fait la qualité du service. Difficile de migrer sur Bluesky et Mastodon si vous n’y retrouvez pas vos comptes préférés ou vos followers chéris.
Conclusion
Beaucoup des solutions présentées ici requièrent de lâcher quelques euros par mois et nécessitent souvent d’abandonner ses vieux réflexes pour en forger de nouveau. Pas facile quand les géants du web nous ont tant conditionnés à une certaine manière de faire.
Dans la seconde partie de cet article, à paraître bientôt, nous parlerons donc des sacrifices, ajustements et changements d’habitude que demande une vie sans Google.
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