Test du Motorola One Vision : un point de vue original

Smartphones • 2019

Le Motorola One Vision s'annonce comme un atout original dans le catalogue de la marque. Avec un format peu conventionnel, Android One et capteur photo de 48 mégapixels, ce smartphone sort indubitablement du lot, mais a-t-il de quoi nous faire de l'œil ? Vérifions-le dans notre test complet.
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Ce test a été réalisé le 16 Juin 2019 et le marché a peut-être évolué depuis. Consultez notre comparatif pour découvrir des produits plus récents potentiellement plus pertinents pour vous.

 

Motorola ose. Ce n’est pas tellement une nouveauté, on se souvient avec un brin de nostalgie son projet des fameux Mods et son entêtement à vouloir ainsi bousculer les usages. Plutôt bien ancrée sur le marché des smartphones d’entrée et des petits milieu de gamme, la marque tente avec le One Vision un format atypique et une formule a priori équilibrée, pour moins de 320 euros.   

Fiche Technique

Dans un premier temps jetons un rapide coup d’œil aux caractéristiques techniques de ce Motorola One Vision qui se trouve être le premier smartphone équipé de l’Exynos 9609.

Modèle Motorola One Vision
Dimensions 71,2 mm x 160,1 mm x 8,7 mm
Interface constructeur Android Stock
Taille de l’écran 6,3 pouces
Définition 2520 x 1080 pixels
Densité de pixels 432 ppp
Technologie LCD
Puce graphique ARM Mali G72 MP3
Stockage interne 128 Go
Appareil photo (dorsal) Capteur 1 : 48 Mp
Capteur 2 : 5 Mp
Capteur photo frontal 25 Mp
Définition enregistrement vidéo 4K
Wi-fi Wi-Fi 5 (ac)
Bluetooth 5.0
5G Non
NFC Oui
Capteur d’empreintes Oui
Type de connecteur USB Type-C
Capacité de la batterie 3500 mAh
Poids 180 g
Couleurs Bleu, Bronze
Prix 319
Fiche produit

Ce test a été réalisé à partir d’un smartphone prêté par la marque.

Grand format, grande bulle

Vous prenez la bulle d’un Honor View 20, vous y ajoutez un Sony Xperia 10 ou un Samsung Galaxy A70 et vous obtenez un Motorola One Vision. C’est en tout cas la recette que semble avoir choisie le constructeur pour le design de son nouveau smartphone. Le pari du format 21:9 ne manque pas d’audace, mais il faut apprécier de tenir en main un si grand appareil. Il donne l’impression par ses dimensions de s’étirer tout en longueur. Cependant, son poids n’alourdit pas la prise en main, il est plutôt agréable. Malgré ce grand écran de 6,7 pouces et le choix de la bulle, les bordures restent assez présentes ; sur les côtés, la partie supérieure, mais aussi et surtout au niveau du menton. Même la caméra frontale se trouve entourée d’un cercle noir assez épais ; on ne retrouve pas la discrétion d’un Honor View 20 par exemple.  

En retournant le One Vision, quelque chose frappe : il comporte beaucoup trop d’informations. Entre le capteur d’empreintes tamponné du logo de la marque, les certifications de fabrications, le nom d’Android One, le flash, le gros double module photo protubérant et les données techniques de ce dernier… Cela gâche un peu l’effet plutôt réussi de la couleur bleue et ses jolis reflets. Dernier petit inconvénient, le dos retient les traces de doigts. Résultat, l’arrière est aussi surchargé que sale. Dommage.

Pas de surprise pour le placement des boutons, haut-parleurs, ports et autres capteurs. Le flanc gauche accueille le tiroir à cartes nano SIM et micro SD avec une capacité de 512 Go. Rappelons que la mémoire interne ne dépasse pas les 128 Go, ce qui peut s’avérer assez limite pour une partie des consommateurs. À l’opposé, nous trouvons le réglage du volume audio et la touche de verrouillage/déverrouillage et mise en tension. La prise jack se situe au sommet du téléphone et surmonte une petite grille de haut-parleur. La tranche inférieure quant à elle héberge un port USB Type-C flanqué d’un micro et de haut-parleurs.   

Enfin, il profite d’une certification IP52 ce qui lui permet de survivre à la poussière et aux éclaboussures.   

Écran

Motorola a fait le choix d’implanter une dalle IPS LCD affichant une définition Full HD+ (2520 x 1080 pixels) pour une haute résolution de 432 ppp. L’écran affiche un contraste de 1239:1. C’est suffisant pour donner assez d’éclat aux couleurs, mais sans non plus trop flatter la rétine. Malheureusement, la température particulièrement élevée vient gâcher un peu le résultat. Elle atteint en effet les 8500 K sur le profil activé de base appelé “saturé”. La plupart des couleurs tirent sur le bleu et le cyan. Difficile de changer la donne puisque les paramètres d’affichage ne proposent pas de jouer avec la température. Impossible donc de se rapprocher d’un effet plus naturel et équilibré (la norme étant fixée à 6500 K). Sa luminosité maximale atteint les honorables 480 cd/m², de quoi maintenir un certain confort de lisibilité au quotidien, même sous le soleil.

Revenons rapidement sur le format 21:9. Il fait encore figure d’exception, mais a déjà montré son intérêt. Certes toutes les applications ne s’adaptent pas et cela donne lieu parfois à une sensation de pétard mouillé. C’est côté des vidéos que cela devient intéressant, car le format correspond à celui de nombreux contenus sur YouTube ou encore Netflix. Plus d’immersion ? Raté, puisque la grossière bulle prend bien trop de place pour se faire oublier. Même après une semaine d’utilisation, impossible de ne pas la voir.  

Android One et les petits plus de Motorola

La partie logicielle souhaite proposer l’expérience la plus facile qui soit. Avec Android One, nous nous rapprochons au plus près de la logique pensée par Google. Nous retrouvons donc le panneau de raccourcis situé en haut de l’écran ainsi que les notifications, le tiroir d’applications bien ordonné ou encore le volet avec Google Actu. Motorola a discrètement intégré les habituels gestes Moto que vous pouvez ou non utiliser. Une application lui est dédiée. À cela s’ajoutent des éléments de personnalisation bienvenue comme le calibrage de l’écran. Mais ces petits plus ne modifient en rien l’apparence d’Android 9 Pie.

Compte tenu de la diagonale impressionnante de l’écran, heureusement qu’un simple glissement de doigt vers le bas depuis la partie inférieure de la dalle permet d’atteindre les raccourcis et de faire défiler les notifications. Pratique pour les petites mains. Enfin, le correctif de sécurité date du 5 mai 2019, donc l’appareil semble bien parti pour suivre sérieusement les mises à jour. Heureusement, puisqu’il dispose du programme Android One.

Premier essai avec l’Exynos 9609

Surprise, le One Vision se voit équipé d’une puce Exynos 9609, un nouveau SoC de Samsung assez proche du 9610 du Galaxy A50. Fait assez marquant : Motorola se trouve être le premier à l’embarquer, avant même un smartphone Samsung ! Celui-ci se met notamment en compétition avec le Kirin 710 d’un Honor 20 Lite ou d’un 10 Lite ou même d’un Huawei P smart 2019 puisqu’ils proposent tous les trois les mêmes performances ! Un constat assez récurrent dans le catalogue du géant chinois. Bref, le One Vision peut compter par ailleurs sur 4 Go de RAM, ce qui promet une navigation assez fluide et une exécution sans peine des tâches les plus courantes. Aucun problème de ce côté-ci.

Motorola One Vision Huawei P Smart 2019 Xiaomi Redmi Note 7
SoC Exynos 9609 Kirin 710 Snapdragon 660
AnTuTu 7.x 141 249 130 237 144 013
PCMark 2.0 6 556 5 813 6 310
3DMark Slingshot Extreme 1 367 861 1 355
3D Mark SSE (Graphics) 1 207 728 1 187
3D Mark SSE (Physics) 2 552 2 371 2 688
GFXBench Car Chase (onscreen / offscreen) 7,8 / 9,3 FPS 7 / 8 FPS 8,2 / 9,1 FPS
GFXBench Manhattan (onscreen / offscreen) 21 / 24 FPS 18 / 20 FPS 21 / 23 FPS
Lecture / écriture séquentielle 496 / 189 Mo/s 285 / 198 Mo/s 94 / 16 Mo/s
Lecture / écriture aléatoire 28,8k / 32,k IOPS 11,4k / 18,2k IOPS 24K / 4K IOPS

Côté GPU, l’appareil compte sur une puce Mali G72 MP3. Cela permet de faire tourner des jeux 3D gourmands, en sacrifiant la qualité des graphismes. Une fois une partie lancée, il chauffe très rapidement, de même si vous le sollicitez sans interruption pendant un certain temps en effectuant d’autres actions. Difficile ensuite pour lui de réguler sa température. Cela n’empêche pas de continuer à l’utiliser, mais la sensation en main peut être désagréable.

L’expérience photo

L’autre attente avec ce One Vision, c’est l’expérience photo. En 2019, des smartphones de 300 euros et même un peu moins réussissent à proposer des résultats surprenant. On pense notamment à Xiaomi qui en quelque temps a réussi à élever le niveau. Motorola a doté son appareil d’un double module photo avec un capteur principal de 48 mégapixels couplé à un objectif ouvrant à f/1,7 et un secondaire de 5 mégapixels pour accentuer l’effet de profondeur en arrière-plan. En réalité, le premier capteur prend des clichés en 12 mégapixels et use de la technique du pixel binning pour absorber un maximum de lumière et ainsi réaliser un résultat optimal.

En hautes lumières, les photos sont plutôt satisfaisantes. Le point fort se trouve du côté du traitement très léger qui permet de reproduire assez de détails. Les effets de textures sont réussis et la mise au point automatique se débrouille assez bien toute seule. Les couleurs ont tendance à flatter la rétine, mais perdent du coup en réalisme. Ce n’est pas toujours flagrant, mais cela se remarque sur certains clichés. Mais ce qui fâche, c’est que le One Vision ne gère pas bien la plage dynamique. Il arrive que les photos soient sur ou sous-exposées. Souvent, le ciel est brûlé. Cela se remarque à l’extérieur, mais aussi parfois en intérieur quand l’environnement se trouve particulièrement lumineux.

En basses lumières le temps de pose s’allonge et on perd en netteté et en détails. La palette de couleurs se limite également. Le traitement devient assez lourd pour tenter d’apporter un peu de lumière aux clichés, mais le résultat n’a rien de très probant. Les photos ne sont pas à jeter, mais on sent vite les limites de l’appareil photo. Le mode nuit donne un effet parfois surréaliste aux scènes.

Le mode portrait

Le mode portrait offre plusieurs options, dont l’accentuation de l’effet bokeh en arrière-plan. Ce dernier est plutôt réussi, mais le détourage du sujet s’avère bien souvent mauvais. Il n’arrive pas toujours à bien distinguer les contours de la silhouette. Il va même jusqu’à manger la peau à certains endroits, venant gâcher complètement le résultat.

Avec la caméra avant, l’effet de profondeur est moins saisissant et il arrive que les mèches de cheveux un peu rebelles se fondent dans le décor. Par contre, les couleurs et le traitement respectent assez bien la réalité. On a moins cette impression de peau lisse, souvent reprochée aux smartphones de la marque Xiaomi. Et puis, à l’avant comme à l’arrière, vous pouvez vous amuser avec des filtres plongeant l’arrière-plan en noir et blanc ou dans le noir complet… C’est amusant, mais ça n’a rien de très naturel, plus de l’ordre de l’anecdotique.

Petite endurance

Notre protocole de test Viser nous informe que le smartphone tient 10 heures et 39 minutes. Un score plutôt médiocre, le plaçant bien dessous d’un Redmi Note 7 par exemple. Dans la pratique, on ne peut pas dire que l’autonomie soit son plus grand point fort. Il tient environ 27 heures, nuit comprise. Rechargé à 100 % le premier jour à 13h30, il tombe sous la barre des 30 % le lendemain en fin de matinée et s’essouffle au milieu de l’après-midi. Un peu plus d’une journée donc, mais pas un jour et demi comme assurent désormais la plupart des smartphones.   

Côté recharge et avec l’adaptateur fourni, il passe de 0 à 50 % en un peu moins de 40 minutes, mais il faut un total de deux heures pour que sa batterie de 3 500 mAh retrouve 100 % de ses capacités.

Prix et disponibilité

Le Motorola One Vision est d’ores et déjà disponible dans le commerce en France au prix conseillé de 319 euros. Il existe en deux coloris : dégradé de saphir soit celui que nous avons eu en test et en gradient de bronze ou… marron, pour décrypter le jargon marketing.

Pour aller plus loin
Quels sont les meilleurs smartphones à moins de 400 euros en 2024 ?

Galerie Photo

Notre avis sur Le Motorola One Vision

Design
7
Qu'il est grand ce One Vision ! Tout autant que sa bulle renfermant la caméra frontale. Cependant, il ne pèse pas bien lourd et on peut effectuer pas mal de choses avec une seule main.
Écran
7
Le contraste et la luminosité sont satisfaisants mais quel dommage pour la température trop élevée... Impossible de modifier ce couac dans les paramètres d'affichages.
Logiciel
8
Android One promet un bon suivi logiciel et une approche simple. Motorola a juste saupoudré le tout de quelques discrets petits bonus dont les fameux gestes Moto.
Performances
7
Le One Vision inaugure l'Exynos 9609 qui apporte une certaine fluidité au quotidien. Mais ne comptez pas trop non plus dessus pour un affichage optimal pour vos sessions de jeux 3D. Il chauffe aussi très rapidement.
Caméra
6
De jour les clichés fourmillent de détails. Mais ils souffrent rapidement de sur ou sous-exposition. Le mode portrait déçoit et les photos de nuit n'ont rien d'exceptionnel.
Autonomie
6
La batterie ne se recharge pas trop vite, mais elle fond à une telle vitesse... Bien entendu ça dépend des usages mais l'expérience prouve qu'il se place en dessous de la concurrence.
Note finale du test
7 /10
Le One Vision présente l’avantage d’opter pour un format intéressant et de bénéficier du programme Android One. Mais l'originalité ne fait pas tout non plus. La grosse bulle vient gâcher le pari du 21:9 et on déplore le manque de personnalisation dans les paramètres d'affichage. Côté photo il ne s'en sort pas si mal de jour, mais les clichés de nuit et le mode portrait n'apportent pas tellement de satisfaction. L'autonomie fond comme neige au soleil pour peu que vous consommiez pas mal de contenus multimédias.

Pour résumer, le One Vision est une petite déception car il avait sur le papier une formule assez alléchante. Des promesses ou plutôt des paroles... des mots, toujours des mots... Mais c'était trop beau. Et nous le savons, la concurrence est rude pour Motorola avec les smartphones chinois qui proposent un rapport qualité/prix très avantageux.

Points positifs du Motorola One Vision

  • Le pari du 21:9...

  • Une jolie couleur bleue sur le dos...

  • Le programme Android One

Points négatifs du Motorola One Vision

  • Le 21:9 gâché par une trop grosse bulle

  • Un dos noyé par un trop plein d'informations

  • Photos de nuit et mode portraits décevants

  • Autonomie trop légère

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