Google Stadia : les preuves d’un lancement précipité

 

La session de questions / réponses organisée par Google Stadia démontre une nouvelle fois un lancement dans la précipitation de la part de Google.

Le lancement de Google Stadia est prévu pour le 19 novembre prochain, soit dans quelques jours au moment où ces lignes sont écrites.

Pour préparer ce lancement, l’équipe en charge de Stadia a une nouvelle fois organisé un AMA (Ask Me Anything) sur Reddit, pour répondre aux dernières questions concernant le service.

Les réponses fournies, ainsi que la récente communication de Google montre à quel point le lancement de Stadia se fait, selon les points de vue, trop tôt, vu les éléments manquants, ou trop tard, dans sa forme actuelle.

Preuve A : la promesse brisée du cloud

La promesse du cloud gaming est avant tout de permettre à n’importe qui de profiter de jeux 3D sophistiqués sur n’importe quel appareil, avec comme seule condition d’avoir une connexion internet stable.

C’est aussi quelque chose de promis par Google pour Stadia, mais c’est une promesse que la firme ne pourra pas tenir au lancement.

En effet, au lancement, Google Stadia va se limiter aux Google Pixel 3, 3a et 4 (et leurs déclinaisons XL) sur mobile, et aux tablettes Chrome OS pour les tablettes. Pas question d’un iPhone, ou même d’un appareil sous Android commercialisé par une autre marque. Heureusement les ordinateurs avec le navigateur Chrome installé devraient être compatibles.

Peut-être que le meilleur exemple du problème de compatibilité est encore le Chromecast lui-même. Lors du AMA, Google a confirmé que les Chromecast Ultra déjà commercialisés depuis 2016 hors du pack Google Stadia ne seraient pas compatibles au lancement. Il faudra attendre une mise à jour de la part de Google pour qu’ils soient compatibles Google Stadia.

Google promet que d’autres appareils seront rapidement compatibles avec son service, mais il faudra probablement attendre 2020 pour cela.

Preuve B : le line-up de lancement digne de 2018

Lors de la présentation de Google Stadia, les performances annoncées pour la plateforme la plaçaient en concurrente des consoles next-gen comme la PS5 ou la prochaine Xbox.

Quand on regarde le line-up des jeux disponible au lancement, on voit plutôt un lancement très tardif d’un concurrent pour une PS4 ou une Xbox One.

Les 12 jeux disponibles au lancement de Google Stadia sont probablement déjà dans votre bibliothèque : Tomb Raider, Destiny 2 ou encore Assassin’s Creed Odyssey et Red Dead Redemption 2. Des jeux sortis au mieux en 2018 à l’origine. À croire que la firme arrive avec un an de retard. Ce catalogue devrait heureusement s’agrandir en 2020 avec de nouveaux titres.

Rappelons que si ce line-up est gênant, c’est surtout parce que le modèle économique choisi par Google est celui de l’achat à l’unité. On ne parle pas ici du catalogue d’un abonnement.

Preuve C : les fonctions qui manquent à l’appel

Lors du AMA, Google a insisté sur sa promesse de mettre à jour très régulièrement Google Stadia avec de nouvelles fonctions. Cette promesse déjà entendue pour YouTube Music (ce qui ne nous rassure pas) est louable, mais cache surtout un lancement qui se fait sans des fonctions essentielles.

Google a par exemple confirmé que les fonctions exclusives Crowd Play ou State Share n’arriveraient qu’en 2020 quand les premiers jeux Stream Connect arriveront à la fin de l’année.

Plus grave, le système d’achievements de la plateforme (l’équivalent des succès sur Xbox ou trophées chez PlayStation) n’arrivera qu’en 2020, même si les exploits des joueurs seront bien sauvegardés dès le 19 novembre.

C’est sans compter les précédentes précisions de Google concernant l’absence de jeu en 4G, l’absence d’une partie des fonctions sans-fil de la manette officielle, ou de l’incompatibilité avec les casques Bluetooth.

Tous ces éléments mis bout à bout laissent comme un gout d’inachevé qui semble montrer que Google voulait arriver le plus vite possible sur le marché.

Preuve D : le lancement en 2020 de l’offre gratuite

Google ne l’a jamais caché, Stadia sera proposé suivant deux offres Stadia Pro pour 9,99 euros par mois, et Stadia Base qui sera gratuite.

Si Stadia Pro sera proposé dès le 19 novembre, avec trois mois inclus dans les packs Founder’s et Premiere,  il faudra attendre 2020 pour le lancement de l’offre gratuite.

Lors du AMA, Google a une nouvelle fois confirmé que Stadia Pro n’était pas un « Netflix du jeu vidéo », mais simplement un équivalent des Xbox Live Gold et PlayStation Plus proposés par les concurrents, avec notamment un jeu offert chaque mois environ tant que l’on reste abonné au service.

En attendant cette offre gratuite, il faudra donc simultanément payer un abonnement mensuel et des jeux à l’unité.

Un lancement précipité

Un service limité à quelques appareils mobiles, un maigre line-up de jeux au lancement, des fonctions annoncées qui ne sont pas disponibles : tout montre que Google lance Stadia dans un état plus proche d’une beta qu’une version finale. Cela fait même partie de l’ADN de la firme, on se rappelle de Gmail qui a gardé publiquement son statut de bêta pendant 5 ans après son lancement.

Et pourtant, cette bêta ne sera disponible que pour les quelques early adopters qui ont dépensé les quelque 129 euros exigés pour recevoir le Chromecast Ultra compatible, la manette officielle et l’abonnement (obligatoire pour le moment) de 3 mois à Stadia Pro, s’ils les reçoivent dans les temps.

C’est en fait une bêta payante qui ne dit pas son nom. Quand Google aura apporté les fonctionnalités promises à l’annonce, avec un plus large nombre d’appareils compatible, et une option gratuite permettant de tester la qualité du service, Stadia sera réellement de la partie. Si la firme tient ses promesses, tout cela arrivera en 2020.


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