Xiaomi : à quel point sa voiture électrique peut mettre en danger l’entreprise ?

 

Notamment connue pour ses smartphones, la firme chinois Xiaomi veut désormais se faire une place sur le marché de la voiture électrique. Mais si le géant vient de lever le voile sur sa SU7 afin de rivaliser avec Tesla, rien n'est encore gagné pour le moment. Le chemin devrait être semé d'embûches pour y arriver et on vous explique pourquoi Tesla peut dormir sur ses deux oreilles... dans un premier temps.

Si Tesla a connu des périodes très difficiles et fut même au bord de la faillite avant le lancement de la Model 3, tout semble aller pour le mieux pour le constructeur. Certes, ce dernier vient de se faire dépasser par son rival chinois BYD, mais il connaît tout de même un grand succès avec sa Model Y, qui domine toujours les ventes de voitures électriques.

Un projet ambitieux

La firme a également battu son record de vente en 2023 avec pas moins de 1 808 581 voitures livrées à travers le monde. On est alors très loin des 245 240 livraisons enregistrées en 2018 ! Et autant dire que cette success-story donne des idées à de nombreuses entreprises, qui veulent aussi avoir le droit à la même histoire. On pense par exemple à Xpeng ou encore Nio, mais également à des sociétés spécialisées dans la tech comme Huawei et Xiaomi.

Cette dernière vient justement de lever le voile sur sa première voiture électrique, la SU7. Et il va sans dire qu’elle a déjà une rivale toute trouvée, qui n’est autre que la Tesla Model S. Car bien évidemment, le géant chinois de la tech rêve lui aussi d’un succès comme celui de l’entreprise d’Elon Musk. Mais rien n’est encore gagné, et la route devrait être très longue pour arriver au même résultat. Surtout que tout n’est pas rose chez Xiaomi.

C’est en tout cas ce qu’explique le compte X (anciennement Twitter) Alojoh, spécialisé dans l’économie. Ce dernier s’est notamment penché sur la situation de l’entreprise chinoise, dont le siège est basé à Pékin. Et celle-ci n’est pas forcément au beau fixe, ou tout du moins, pas au point de faire de la société un leader de la voiture électrique pour le moment. Car depuis quelques mois, ses ventes de produits high-tech sont globalement en baisse, de même que son chiffre d’affaires.

En décembre 2021, Xiaomi avait engrangé pas moins de 50,9 milliards de dollars. Des revenus qui ont fortement chuté, passant à seulement 37,4 milliards de dollars en septembre dernier. Une baisse constante, qui n’augure évidemment rien de très bon, et ce même si la marge est quant à elle en légère hausse. Elle passe de 17,1 % fin 2021 à 22,7 % au troisième trimestre 2023. Les chiffres de la fin de l’année 2023 n’ont pas encore été révélés pour le moment.

Des ventes en baisse pour Xiaomi

Si l’on connaît Xiaomi, c’est avant tout pour ses smartphones. Et c’est assez logique, puisque ces produits représentent 57 % des ventes de l’entreprise. Cette dernière commercialise également des objets tels que des trottinettes électrique ainsi que des services Internet, entre autres, mais qui représentent une part minime de son chiffre d’affaires. Et globalement, toutes ces activités sont en baisse, même la vente de téléphones qui a chuté de 23 % entre septembre 2022 et septembre 2023.

Globalement, ses bénéfices restent assez faibles, bien plus que ses concurrents, ce qui fait que la firme a du mal à rester rentable. Or, pour concevoir et commercialiser des véhicules, il faut tout de même être solide. Car cela demande de nombreuses ressources financières, en plus d’équipes compétentes, ce qui coûte aussi beaucoup d’argent. Et ça, les constructeurs le savent bien, notamment ceux spécialisés dans la voiture électrique.

Le contre-exemple Tesla

Selon le graphique publié sur X, tous ont vu leur cash flow (trésorerie) chuter considérablement au cours des dernières années. C’est notamment le cas de Rivian, qui a perdu, au cumulé, 17,6 milliards de dollars depuis sa création, ainsi que de Nio avec des pertes de 8,6 milliards. On note seulement une vraie exception : Tesla. Si la firme était à plus de 10 milliards de dollars de déficit au plus bas, elle annonce aujourd’hui 9,8 milliards de bénéfices au cumulé depuis sa création.

Pour Tesla, il aura fallu environ 11 ans depuis sa création avant de gagner de l’argent avec ses voitures électriques. Les autres startups (à l’image de VinFast, Lucid, Polestar, Fisker, Xpeng, Farady et Nio) perdent toujours de l’argent, des années après avoir lancé leur première voiture électrique. C’est notamment une raison qui pourrait expliquer la frilosité d’Apple de lancer sa propre voiture électrique.

Trésorerie des constructeurs de voitures électriques

On peut donc se demander si Xiaomi réussira son pari sur la voiture électrique. Il est vrai que sa nouvelle SU7 est très prometteuse, et que d’autres autos offrant de très grandes autonomies soient également au programme. Mais, produire une voiture électrique performante est une chose. Et la vendre à des millions d’exemplaires pour en tirer des bénéfices en est une autre.

Xiaomi peut-il s’inspirer du succès de la firme d’Elon Musk pour réussir à l’égaler ? C’est en tout cas ce que souhaite son patron Lei Jun qui exprimait déjà son admiration pour la marque en 2013. Le défi qui attend l’entreprise est désormais d’arriver à inonder le marché avec ses voitures, sans rogner sur ses marges, ce qui pourrait être possible, vu le prix de sa première auto. Un exercice sur lequel certains se sont cassés les dents, jusqu’à aller à la faillite, à l’image de Lordstown Motors ou encore d’Aiways. Est-ce que Xiaomi réussira à ne pas prendre ce chemin ?

Rappelons également que Tesla est passé à deux doigts de la faillite à plusieurs reprises, et notamment lors de la mise en production de la Model 3 comme l’expliquait Numerama à l’époque. Ce qui n’empêche pas l’entreprise américaine d’être désormais le leader de la voiture électrique, au coude à coude avec le chinois BYD.

Des nuances à apporter

Mais il faut toutefois apporter quelques nuances à ce tableau sombre. Si les voitures électriques venaient à menacer réellement Xiaomi dans les années à venir, on imagine que le gouvernement chinois ou certains investisseurs viendraient prêter main forte à l’entreprise. Le marché du smartphone devrait quant à lui reprendre du poil de la bête en 2024, ce qui devrait permettre à Xiaomi de mettre un peu de beurre dans les épinards.

Enfin, la trésorerie actuelle de Xiaomi est suffisante pour voir venir quelques années, et de pouvoir changer la voilure en cas de danger pour l’entreprise.


Retrouvez un résumé du meilleur de l’actu tech tous les matins sur WhatsApp, c’est notre nouveau canal de discussion Frandroid que vous pouvez rejoindre dès maintenant !