Voitures électriques : quand seront-elles enfin au même prix que les thermiques ?

 

Même si le prix des voitures électriques tend à diminuer avec la démocratisation de la technologie, un modèle thermique équivalent reste moins cher à l'achat. Mais pour combien de temps encore ? Et quand va-t-on assister à ce fameux "grand basculement" ?

Volvo XC40 Recharge // Source : Volvo Cars

Si vous êtes à la recharge d’une voiture neuve, vous vous posez sans doute plusieurs questions concernant l’énergie choisir et laquelle correspondra le plus à vos besoins. Thermique ? Hybride ? Hybride rechargeable ? Électrique ? Même si le législateur tend à vous inciter à choisir la quatrième option, il y a souvent une impasse majeure : le prix.

En effet, même si le bonus écologique permet de réduire drastiquement la facture sur certains modèles, à niveau d’équipements équivalent, une voiture électrique reste plus chère à l’achat que son homologue en version thermique.

Pourquoi une voiture électrique est toujours plus chère que son équivalence thermique ?

Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. La première, c’est l’amortissement des coûts de recherche et de développement pour ce type d’énergie (batterie, moteur électrique…), même si sa démocratisation devrait permettre de réduire très prochainement les prix. Renault et Volkswagen annoncent déjà des modèles à moins de 25 000 euros d’ici les deux prochaines années, tandis que la MG4 propose déjà des prix canons en France pour des prestations très intéressantes.

Le second facteur de ces prix plus élevés, c’est aussi la technologie embarquée. Comme vous n’êtes sûrement pas sans le savoir, les voitures sont de plus en plus technologiques pour aussi être de plus en plus sûres. On parle de plus en plus de voitures connectées et autonomes, et ces systèmes d’aides à la conduite toujours plus précis ont évidemment un coût.

De la même manière, les organismes de contrôle de la sécurité des voitures, Euro NCAP dans le cas de l’Europe, prennent aussi en compte aujourd’hui les technologies d’aides à la conduite. Pour être sûr d’avoir une bonne note et s’assurer un bon déroulé commercial, il vaut mieux que sa voiture soit sûre.

Les aides permettent de réduire la différence

Précisons que nous parlons bien du prix à l’achat. Car nous l’avons souligné dans un précédent dossier, à l’usage, posséder une voiture électrique revient moins cher par rapport à un modèle thermique d’après une étude menée par France Stratégie.

Dans le même temps, ce rapport souligne que l’électrique coûte effectivement généralement plus cher que son équivalent thermique. Le surcoût à l’achat entre une citadine de segment B électrique et thermique serait d’environ de 16 000 euros en moyenne, sans prendre en compte les aides à l’achat. C’est un peu moins pour un SUV de segment C, avec une différence d’environ 10 000 euros hors aides, qui serait toutefois « presque entièrement compensée par le bonus et la taxe malus ».

Quoi qu’il en soit, nous arriverons inévitablement à un équilibre des prix entre thermique et électrique, avec la diminution du prix des voitures électriques, mais surtout l’augmentation de ceux des voitures thermiques. En réalité, la question à se poser, c’est surtout quand va avoir lieu cette fameuse « bascule » entre les prix d’un modèle électrique et ceux d’un modèle thermique.

Un équilibre des prix d’ici deux ou trois ans ?

Plusieurs dirigeants ont déjà apporté quelques éléments de réponses, à l’image de Jim Rowan, l’ancien PDG de Dyson et aujourd’hui PDG de Volvo. Ce dernier a récemment déclaré à Automotive News que « la parité des prix entre les voitures électriques et leurs homologues thermiques deviendra une réalité plus tôt qu’on ne le pense ». Dans environ « deux ou trois ans ». Une date qui paraît bien ambitieuse, même si Volvo semble y croire, le constructeur qui compte ne proposer que des voitures électriques à partir de 2030.

Cette réduction des prix de la voiture électrique passera aussi par l’avancée technologique. Toujours selon Jim Rowan, « la technologie permettra d’augmenter l’autonomie. Moins de batteries, mais plus d’autonomie, à moindre coût : nous y arriverons », a-t-il déclaré.

Jim Rowan, le nouveau patron de Volvo Cars // Source : Volvo Cars

Effectivement, comme vous n’êtes sans doute pas sans le savoir, la batterie est le plus gros poste de dépenses pour une voiture électrique. Une grande batterie garantie généralement une autonomie généreuse, indispensable aujourd’hui pour vendre une électrique avant que le réseau de recharge soit suffisamment dense et fiable pour ne plus se poser de question.

Mais pour réduire ces dépenses concernant la batterie, notamment dans un contexte économique compliqué qui tend plus à faire augmenter que diminuer les prix, les constructeurs travaillent aussi sur d’autres aspects, comme l’aérodynamisme et l’optimisation de certains éléments. De quoi permettre de gagner de précieux kilomètres d’autonomie tout en gardant une taille de batterie « raisonnable » et donc moins chère à concevoir.

Les marques premium ont plus de marge de manœuvre

Vous l’avez certainement remarqué, mais quand un constructeur présente sa, ou ses premières voitures électriques, c’est souvent avec un nivellement par le haut. Mercedes, par exemple, avait présenté l’EQC, puis la limousine EQS, BMW un gros SUV avec le iX3 ou encore Audi un autre gros SUV avec l’Audi e-tron (devenu Q8 e-tron depuis peu).

Selon Sam Abuelsamid, analyste chez Guidehouse Insights, un constructeur premium dispose d’un plus grand champ d’action et dispose de plus de facilité pour réduire ses marges sur ses véhicules électriques afin d’atteindre la parité de prix avec leurs homologues thermiques. « Dans les segments où Volvo est en concurrence, c’est tout à fait possible », commente Sam Abuelsamid, « mais dans les segments plus grand public, la marge de manœuvre n’est pas si grande. »

C’est d’ailleurs ce que pratique BMW avec son iX3, qui s’affiche à des tarifs quasi-similaires à un X3 diesel par exemple, à niveau d’équipements équivalent et puissance équivalente (environ 75 000 euros avec quelques options). Cela laisse le choix aux clients de choisir entre thermique ou électrique à un prix similaire, même si dans ce cas précis, c’est plutôt le prix du modèle thermique qui a augmenté plutôt que celui du modèle électrique qui a diminué.

BMW iX3 // Source : BMW

Le prix des batteries a déjà bien diminué

La voiture électrique a beau être quelque chose de récent, cela fait déjà plus d’une décennie qu’elle s’inscrit dans le paysage automobile. Le prix des batteries a même baissé de 80 % au cours de ces 12 dernières années. Toutefois, cette baisse s’est accompagnée de hausses, notamment en raison des difficultés de la chaîne d’approvisionnement et de la demande accrue de matières premières de la part de l’industrie automobile.

Ces facteurs ont refait grimper les prix des batteries au cours des deux dernières années, et pas seulement des batteries malheureusement. En effet, selon Interact Analysis, le prix des moteurs électriques, qui ont pourtant une conception moins compliquée qu’un bloc thermique, a vu son prix moyen augmenter de 26 % en 2021 et devrait encore augmenter en 2022. Pas de quoi encore faire baisser les prix des voitures électriques de si tôt.

Néanmoins, certains fournisseurs, de batteries surtout, parviennent à maintenir des prix relativement constants. C’est le cas de CATL, qui fournit des batteries LFP (lithium-fer-phosphate) pour Volvo ou encore Tesla, et dont le prix oscille autour de 131 dollars par kWh. Un prix qui reste encore élevé pour le constructeur suédois, qui espère ramener ce coût à moins de 100 dollars par kWh d’ici 2025.

Du volume pour diminuer les coûts ?

Selon Jim Rowan, « les petits modèles aideront à réduire le prix des véhicules électriques ». Les constructeurs devront donc sans doute compenser les marges en moins sur les segments inférieurs par plus de volume. Pour le moment, Volvo nous montre surtout de très gros modèles et surtout très chers, à l’image du nouveau Volvo EX90. Le futur EX60 devrait être du même acabit. Il faudra attendre sans doute l’EX30 pour retrouver des prix plus « raisonnables », ce modèle partageant ses dessous sans doute avec la Smart #1, les deux constructeurs étant sous le giron du chinois Geely.

Pour le moment, les aides gouvernementales mettent en quelque sorte le marché de l’automobile électrique sous perfusion, et cela ne peut certainement pas durer. « Une entreprise ne peut pas compter sur les subventions gouvernementales pour réussir », a précisé Jim Rowan. Des mesures incitatives permettront toutefois à l’EX90 de coûter moins cher aux États-Unis (où le SUV électrique est fabriqué) grâce au fameux bonus auto américain mis en place par Joe Biden dans un souci de protectionnisme.

Volvo EX90 // Source : Ulrich Rozier pour Frandroid

A contrario, d’autres dirigeants ne voient pas forcément cette parité arriver de si tôt. C’est le cas notamment de Luca de Meo, le patron de Renault, qui a déclaré au Mondial de Paris qu’il ne voyait pas cette parité se rapprocher. « Je peux proposer une meilleure chimie des batteries et une meilleure gestion de la puissance, mais ces gains seraient anéantis si le prix du cobalt doublait en l’espace de six mois seulement ».

De son côté, Carlos Tavares, le patron de Stellantis et pas toujours tendre avec la voiture électrique, se veut un peu plus « rassurant ». « Dans nos prévisions, en 2026, les véhicules électriques seront moins chers que leurs versions dotées d’un bloc thermique », a-t-il déclaré récemment à Franceinfo.

« En 2026, d’après nos prévisions, nous aurons une égalité de la structure de coûts des deux technologies ». Carlos Tavares explique que « la Peugeot 208 électrique » est vendue « aux alentours de 30 000 euros ». Il estime que dans quatre ans, « une voiture thermique équivalente sera légèrement au-dessus des 20 000 euros ».

Carlos Tavares estime également que le « prix des véhicules électriques est fortement exposé au prix des matières premières » et « le prix des matières premières est une partie très importante de la structure de coût des batteries ». « Ce qu’on peut également anticiper, c’est qu’en fonction des fortes fluctuations du prix des matières premières, le prix des véhicules électriques sera aussi volatil, beaucoup plus que le prix des véhicules thermiques aujourd’hui ».

À gauche, Carlos Tavares, le patron de Stellantis. À droite, Luca de Meo, le patron de Renault

La magie du financement ?

Si vous suivez attentivement notre rubrique dédiée au décryptage des offres de financement concernant les voitures électriques, vous avez sans doute remarqué que certaines offres sont aussi, voire plus avantageuses par rapport à une équivalence thermique. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que, sous perfusion du bonus écologique, l’apport est tout de suite réduit comme peau de chagrin car absorbé par le bonus, permettant ainsi de réduire les mensualités.

De plus, le marché de l’occasion de la voiture électrique devrait d’ici trois à quatre ans prendre encore de l’ampleur, les valeurs résiduelles (valeur définie en tenant compte du prix d’achat du véhicule dont est déduit le montant des loyers réglés par le locataire pendant toute la durée de la location, ce qui correspond à la valeur de la voiture à l’échéance du contrat de location) sont élevées et permettent de maintenir des loyers assez bas.