Microsoft contre-attaque « Sony est comme un loueur de DVD face à Netflix »

 

Comme l'indiquaient certains bruits de couloir, Microsoft compte bien se battre pour faire valider le rachat d'Activision-Blizzard-King par les autorités. Le géant a lancé une contre-offensive médiatique.

Source : Microsoft

Le projet de rachat d’Activision-Blizzard-King par Microsoft battait quelque peu de l’aile depuis quelques semaines. Plusieurs organismes dans le monde ont commencé à discuter publiquement de leurs craintes comme la CMA au Royaume-Uni, la Commission européenne et la FTC aux États-Unis.

Dans les trois cas, les questions portent sur la force que pourrait avoir Microsoft à l’avenir si ce rachat était validé, sur la disponibilité de Call of Duty sur les autres plateformes, sur le poids du cloud gaming à l’avenir et sur l’impact pour les employés du groupe.

Pour faire valider irrévocablement son rachat, Microsoft a lancé une contre-attaque médiatique très bien ciselée aux États-Unis.

Apple et Google : les vrais méchants

Dans un édito publié dans le très sérieux Wall Street Journal, Brad Smith, qui supervise les affaires légales pour Microsoft et notamment les relations avec les législateurs, revient sur le projet de rachat. Selon lui, bloquer le rachat serait évidemment : « une terrible erreur », car cela « ferait du mal à la concurrence, aux consommateurs et aux milliers de développeurs ».

Pour le démontrer, il indique d’abord que le rachat permettrait à Microsoft de mettre la main sur Call of Duty, mais aussi sur Candy Crush et World of Warcraft respectivement sur mobile et PC. Cela doit permettre à Microsoft de pouvoir concurrencer l’App Store d’Apple et le Play Store de Google. Manière subtile pour Brad Smith de rappeler que parmi les géants de la tech, il y en a peut-être d’autres auxquels il faudrait que la FTC s’attaque en priorité.

Renvoyer PlayStation dans les cordes.

Surtout, il fait durant tout son édito l’analogie avec ce qui s’est déroulé dans le marché de la musique ou de la vidéo avec l’émergence du streaming. Il voit dans le Game Pass, la future simplicité d’utilisation pour lancer un jeu que l’on connait aujourd’hui avec la musique sur Spotify ou la vidéo sur Netflix.

Moment opportun pour Brad Smith de rappeler à la fois que Sony est le numéro 1 du marché qui « domine » la console avec Nintendo, laissant Xbox à la 3e place, et à la fois que Sony est le premier opposé à ce projet de rachat.

Sony est apparu comme l’opposant le plus bruyant. Il est aussi excité par cet accord que Blockbuster (NDLR : une chaîne de magasins de location de DVD) l’était par la montée en puissance de Netflix

10 ans de Call of Duty pour qui veut

Sur le sujet, Brad Smith renvoie Sony à un acteur se battant pour défendre son pré carré contre l’arrivée d’une concurrence capable de le déstabiliser. Il en profite pour rappeler que Microsoft a proposé à Sony un contrat garantissant la disponibilité des prochains épisodes de Call of Duty à la même date que sur Xbox pour les 10 ans à venir. La firme indique qu’elle est prête à proposer le même contrat aux autorités, qui pourront se retourner contre Microsoft si elle venait à rompre sa part du contrat.

Par ailleurs, il rappelle à juste titre que cela aurait très peu de sens pour Microsoft de faire de Call Of Duty une exclusivité Xbox. La licence est forte, mais cela lui ferait perdre un parc très important de joueurs, et donc de revenu de la part de PlayStation. Par ailleurs, cela laisserait la porte ouverte à l’arrivée d’un autre concurrent comme Battlefield qui serait resté multiplateforme. Il semble bien plus malin pour Microsoft de continuer à commercialiser Call of Duty partout, tout en le proposant dans son abonnement Xbox Game Pass sans frais supplémentaires.

La proposition est également sur la table pour les autres plateformes de jeu. On pense évidemment à la Nintendo Switch, mais cela pourrait aussi concerner Steam où Call of Duty est de nouveau commercialisé ainsi que les services de cloud gaming. Nvidia serait bien malin de mettre de la main sur Call of Duty pour les 10 ans à venir sur GeForce Now.

Une réponse point par point concernant les grandes craintes des autorités vis-à-vis des concurrents de Microsoft. Reste la question du bien-être des employés qui inquiète notamment des sénateurs américains. Sur ce point, la firme a consacré d’autres contre-attaques très bien ciselées qui méritent un autre article.


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