Après ChatGPT, Bing Chat, Meta AI ou encore Google Bard, c’est au tour d’un nouveau chatbot d’IA de faire son apparition : Grok, de xAI. Pour rappel, xAI est l’entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle créée par Elon Musk en juillet dernier. Son credo : « ne l’utilisez pas si vous détestez l’humour ! », peut-on lire sur le site de xAI.
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Grok : c’est quoi ce chatbot « rebelle » ?
Pour son chatbot, xAI dit s’être inspiré du Guide du voyageur galactique d’Hitchhikker. Grok est donc conçu pour « répondre à presque tout et, plus difficile encore, à suggérer les questions à poser ! » Contrairement à ChatGPT et autres outils du genre, il aurait « un côté rebelle » selon xAI. D’ailleurs, on peut lui poser toutes sortes de questions, sous-entendu des questions auxquelles ChatGPT refuserait par exemple de répondre. Pour l’instant, les démonstrations semblent être toutes en anglais et on ignore si le chatbot d’intelligence artificielle peut fonctionner dans d’autres langues.
Au lieu de n’être qu’une version alternative de Google Bard ou Bing Chat, Grok disposerait d’un « avantage unique » : une connaissance en temps réel du monde. Cette prouesse est possible grâce à… X, anciennement Twitter, le réseau social d’Elon Musk. Grok se nourrit donc des messages qui y sont publiés pour agrandir sa base de connaissances.
Ce n’est pas sans rappeler Tay, une IA conversationnelle lancée par Microsoft en 2016 sur Twitter. Chacun pouvait s’adresser à elle, ce qui l’a amené à devenir raciste et misogyne en moins d’une journée, obligeant Microsoft à la désactiver. Autre particularité de Grok : l’outil a été développé en deux mois d’entraînement, ce qui est extrêmement peu au regard du reste de l’industrie. Ce qui en fait un outil en bêta « très précoce » précise xAI. L’entreprise se veut tout de même rassurante : il devrait rapidement s’améliorer dans les prochaines semaines.
Grok a d’autres ambitions : xAI voudrait en faire un outil multimodal. C’est-à-dire un outil qui ne se base pas uniquement sur du texte. Dans les mois ou années à venir, Grok pourrait se doter d’une « compréhension » des images ou encore de l’audio. De quoi lui faire interpréter des images qu’on lui donne ou encore de discuter avec lui, comme si c’était un assistant vocal classique. C’est d’ailleurs ce vers quoi ChatGPT tend.
Pourquoi est-ce que Grok s’appelle Grok ?
C’est CNBC qui a trouvé l’explication du nom de ce nouveau ChatGPT, comme le rapporte Numerama. Le nom provient du roman de science-fiction En terre étrangère (Stranger in a Strange Land) de Robert A. Heinlein, publié en 1961. Pour l’Oxford English Dictionary, ce néologisme signifie le fait de « comprendre intuitivement ou par empathie, établir un rapport avec ». Ce terme est d’ailleurs commun dans les communautés spécialisées dans l’informatique.
Quand est-ce que Grok sera disponible ?
Pour l’instant, seul un accès anticipé est disponible à destination de certains utilisateurs aux États-Unis. Ils peuvent tester le prototype qu’est Grok et faire des retours dessus pour que les équipes l’améliorent. Une étape nécessaire avant une disponibilité plus large. Pour l’instant, on peut simplement s’inscrire sur liste d’attente en se localisant aux États-Unis à l’aide d’un VPN, en se connectant à son compte X ainsi qu’en laissant une adresse mail.
Une IA payante : 16 dollars par mois
À terme, Grok sera payant : 16 dollars par mois via l’abonnement X Premium+, lancé il y a quelques jours. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Elon Musk ce 4 novembre dans une publication sur X. À titre de comparaison, ChatGPT Plus est vendu à 20 dollars par mois, pour l’utilisation du chatbot seulement (dans une version significativement plus complète que sa version gratuite). Quant aux autres chatbots, la plupart sont gratuits.
La question des législations à travers le monde
Le problème avec un lancement au sein de l’Union européenne, c’est que cela demande de prendre des précautions, pour éviter toute entrave à la loi. D’autant plus que le Parlement européen travaille activement sur l’AI Act, une nouvelle législation autour de l’IA, traitant notamment de la question des IA génératives. La loi pourrait être adoptée dès cette année, sans entrer en vigueur dans la foulée.
Sur ce point, xAI indique vouloir donner à ses utilisateurs « les moyens d’utiliser nos outils d’IA dans le respect de la loi. » Dans le même temps, son dirigeant Elon Musk est attaqué par l’UE ainsi que par des gouvernements pour non-respect de la législation en matière de modération des contenus sur X. Autre problème qui pourrait se poser : le fait que xAI n’indique pas prendre la responsabilité de ce que Grok peut dire. Tant au sein de l’UE qu’aux États-Unis, le fait de ne pas l’assumer pourrait l’empêcher d’être mis sur le marché. OpenAI, Microsoft ou encore Google assument cette responsabilité.
Grok : comment ça fonctionne ?
Derrière Grok, il y a en fait Grok-1, le « LLM », pour Large Language Model ou grand modèle de langage en français. Il s’agit du « moteur » du chatbot, du « cerveau » de l’IA. C’est lui qui va statistiquement déterminer les mots qui viennent les uns après les autres en fonction d’un contexte (ses connaissances ainsi que la requête qu’on lui formule).
Grok-1 est donc l’évolution de Grok-0, le premier modèle de langage développé par xAI fonctionnant avec 33 milliards de paramètres. À titre de comparaison, PaLM 2 de Google, c’est 340 milliards ; LLaMA 2 de Meta est à 70 milliards ; GPT-3.5 est à 100 milliards et GPT-4 serait à 175 milliards. Dans le cas d’un LLM généraliste (capable de tout faire), plus on en a, plus l’IA qui en découle est performante. Grok semble donc loin de ses concurrents d’un point de vue général, bien qu’il puisse être meilleur sur certaines tâches. xAI fait néanmoins remarquer que Grok-0 n’utiliserait « que la moitié de ses ressources d’entraînement. » Son évolution Grok-1 est meilleure, notamment en « capacités de raisonnement et de codage ».
Pour aller plus loin
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Une infrastructure avec des dizaines de milliers de GPU
xAI a également expliqué comment fonctionnait son infrastructure de serveurs pour entraîner Grok-1. En avril dernier, Elon Musk avait déjà acheté pas moins de 10 000 GPU : on pensait à l’époque que c’était destiné à Twitter. En réalité, ils ont servi à xAI. Cela semble d’ailleurs être un casse-tête au regard de la métaphore utilisée : « la formation LLM fonctionne comme un train de marchandises qui avance en trombe ; si un wagon déraille, c’est tout le train qui est entraîné hors des rails et il est difficile de le redresser. »
Le principal problème, ce sont les défaillances des GPU, qui peuvent être multiples. « Défauts de fabrication, connexions lâches, configuration incorrecte, puces mémoire dégradées, retournement aléatoire de bits, etc. » sont mentionnés par l’entreprise. Avec des dizaines de milliers de GPU qui tournent en continu durant des mois, c’est encore plus compliqué. L’architecture technique derrière ce système agit pour que les problèmes soient rapidement repérés et automatiquement traités. D’autant plus que l’équipe de xAI est assez réduite, des dires mêmes de la société.
Grok vs ChatGPT : quel est le meilleur chatbot d’IA ?
Pour démontrer sa supériorité par rapport à ChatGPT, Grok-1 a été soumis à des tests : problèmes mathématiques niveau collège, QCM sur différents sujets ou encore tests sur Python. Selon xAI, le taux de complétion de Grok-1 est meilleur que GPT-3.5 en tous points, mais moins bon que GPT-4, Claude 2 ou encore PaLM 2.
Pour l’instant, presque personne ne peut tester l’IA, mais Elon Musk et certains employés de xAI ont partagé (sur X, naturellement) des captures d’écran des résultats de Grok. Par exemple, si on lui demande de nous dire comment fabriquer de la cocaïne, le chatbot répond dans les grandes lignes, avant de déconseiller d’en fabriquer, puisque c’est illégal et dangereux.
En lui demandant à nouveau, Grok répond sérieusement, rappelant que c’est illégal, mais donne la réelle recette, à des fins « pédagogiques » uniquement. Elon Musk en a profité pour attaquer de nouveau Sam Bankman-Fried, fondateur de FTX condamné pour fraude, le tout dans le sarcasme.
Autre dimension étonnante de Grok : on peut lui demander d’être vulgaire. D’une simple question sur les morpions, on arrive à une réponse remplie d’injures et autres termes vulgaires, pour finir sur un « sale animal » adressé à son interlocuteur (c’est sans doute le mot le moins insultant de la réponse de Grok). Néanmoins, dans d’autres réponses, Grok se montre bien plus classique, surtout lorsqu’on lui demande qui est telle ou telle personne. Mais dans bien des cas, Grok se montre malicieux, racontant quelques blagues ou s’amusant de certaines informations qu’il donne. Si ChatGPT en est capable, cela semble être inhérent à Grok. On ignore s’il est possible de le contraindre à adopter un style neutre.
xAI : le grand projet d’intelligence artificielle d’Elon Musk
La société xAI avait été lancée en avril dernier par Elon Musk, qui l’envisage comme une concurrente à OpenAI et Midjourney. Si l’on en croit son site Internet, elle compte 14 employés ainsi qu’Elon Musk et paraît activement recruter. On compte parmi eux des anciens de DeepMind, OpenAI, Google ou encore Microsoft. Sur le site de xAI, on apprend que l’entreprise est une société distincte de X Corp, la société qui édite X (anciennement Twitter). Cependant, elle reconnaît qu’elle travaillera « en étroite collaboration » avec X, Tesla ainsi que d’autres sociétés.
Cela augure de grandes ambitions pour Grok. On peut très bien imaginer qu’à l’avenir, le chatbot sera intégré directement dans X, ou bien même dans les Tesla. On sait que pour leurs systèmes d’infodivertissement, certains constructeurs se penchent sur l’intégration de chatbots d’IA. Tesla pourrait en faire partie, mais avec Grok. D’autant plus que certains salariés viennent de Tesla.
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