La puce AMD Ryzen à bord des Tesla est exceptionnelle, mais que faire de toute cette puissance ?

 

La puissance d’une console de salon à bord d’une voiture : oui, mais pourquoi ? Tesla propose une puce AMD Ryzen pour propulser son système d’infodivertissement, avec des promesses de performances exceptionnelles. Revenons sur ce que cela permet aujourd’hui, et ce que le futur nous réserve.

L’intérieur de la Tesla Model S // Source : Tesla

Depuis l’annonce des nouvelles Tesla Model S et Model X en 2021, le constructeur américain a opté pour un nouveau processeur qui a pour but de gérer le système d’infodivertissement. Adieu Intel, qui est remplacé par AMD et son processeur Ryzen, offrant bien plus de possibilités.

Avec une puissance de calcul comparable à celle des dernières consoles next-gen, et des annonces de la part d’Elon Musk précisant que des jeux AAA pourraient être portés sur le système embarqué dans les véhicules de la marque, où en est-on aujourd’hui ?

Nous allons revenir dans ce dossier sur ce qui a été promis par Tesla, ce que l’on retrouve sur l’ensemble de la gamme en termes d’infodivertissement, en nous posant également la question de ce à quoi cette puissance pourra servir dans le futur.

Fini l’Intel Atom, bonjour l’AMD Ryzen

Ce qui est communément appelé le MCU chez Tesla, pour Media Control Unit, correspond au système d’infodivertissement affiché sur l’écran central des véhicules de la marque. En 2022, nous en sommes à la troisième génération de MCU, basée sur la plateforme Ryzen d’AMD.

Avec une puissance de calcul promise de 10 TéraFLOPS, la promesse d’une fluidité bien meilleure par rapport aux anciens systèmes est évidemment remplie, comme nous l’avons signalé dans notre récent essai de la Tesla Model 3 Propulsion.

Depuis 2018, un processeur Intel Atom était au cœur du système sur tous les modèles de Tesla, alors que les premières générations de Model S et Model X sorties d’usine entre 2012 et 2018 embarquaient quant à elles un processeur Nvidia Tegra 3, qui accusait le coup et était aujourd’hui assez lent.

Début 2021, Elon Musk arguait le fait que les Tesla Model S et Model X équipées de cet AMD Ryzen pourraient faire tourner Cyberpunk 2077 ou The Witcher 3, des jeux AAA demandant énormément de ressources. Toujours est-il qu’un an après, il n’y a toujours aucun signe de ces jeux à bord des véhicules Tesla. Voyons alors ce que permet cet AMD Ryzen, et ce qu’il apporte par rapport au précédent Intel Atom.

Pas de jeux AAA, ni d’applications exclusives… pour le moment

Depuis plusieurs années, il est possible de jouer à quelques jeux vidéo sur l’écran central des Tesla, qui sont globalement peu demandeurs en ressources. On peut par exemple citer le jeu 2048, un jeu d’échecs ou bien quelques titres rétro comme Tempest ou Missile Command. Il n’y a bien entendu nul besoin d’un AMD Ryzen pour jouer à ce genre de titres : il était donc attendu quelques exclusivités sur le nouveau MCU, chose qui n’est pas encore arrivée.

Même lors des dernières mises à jour de 2021 ayant apporté le jeu vidéo Sonic, seule la première génération de MCU (Nvidia Tegra 3) était exclue, l’Intel Atom du MCU2 étant considéré comme assez puissant pour un jeu sorti sur une console de salon il y a plus de 30 ans.

Au niveau des applications embarquées, aucune exclusivité non plus : tout ce qui est disponible aujourd’hui sur les dernières Tesla équipées de l’AMD Ryzen le sont aussi sur celles embarquant l’Intel Atom. Ce que le constructeur a appelé « Théâtre » et qui regroupe des raccourcis vers YouTube et Netflix notamment, est toutefois bien plus utilisable avec les derniers véhicules.

L’un des gros points négatifs de l’architecture actuelle se faisait en effet ressentir sur la navigation au sein des applications YouTube, Netflix, ou encore sur le navigateur Internet. Scroller une page Internet donnait l’impression d’être aux limites du processeur Intel Atom, et rendait la navigation assez désagréable.

Netflix, Youtube ou encore Twitch sont des applications utilisables dès aujourd’hui à l’arrêt sur une Tesla

Contrairement à la plupart des véhicules du marché qui embarquent Android Auto ou Apple Carplay, et qui délèguent ainsi la puissance de calcul au smartphone du propriétaire, Tesla a décidé d’assumer son indépendance envers ces deux géants de la tech. Il a donc besoin de toute la puissance de calcul possible dans son système d’infodivertissement, dès aujourd’hui, mais il faut aussi que ce système soit performant dans le temps.

Un futur qui sollicitera bien plus le système embarqué

Si aujourd’hui les quelques fonctionnalités inédites proposées par Tesla n’en sont qu’à leurs balbutiements et que l’on est en droit de se demander ce à quoi cela peut servir dans une voiture, il faut garder en tête que le constructeur a sans doute des idées qui ne se matérialiseront pas avant quelques années.

Tesla
Le jeu Beach Buggy Racing à bord d’une Tesla

Proposer dès aujourd’hui quelques jeux permet non seulement à la firme d’Elon Musk de se démarquer du reste de l’industrie automobile et de faire parler d’elle, mais également de façonner l’infodivertissement de demain.

Lorsque la législation aura évolué et que les technologies de conduite autonome permettront de ne plus regarder ce qu’il se passe sur la route, que ferons-nous à bord des véhicules pendant les trajets ? Si certains envisagent un futur avec un ordinateur portable sur les genoux ou un smartphone dans la main lorsque l’on voyage en voiture, Elon Musk a une tout autre vision en tête : profiter de l’écran central, qui devient la nouvelle source de divertissement.

Un Sudoku pendant que la voiture charge ! // Source : Frandroid

Dans ce futur, proche ou lointain selon vos convictions, vous connecterez par exemple une manette sans fil au système embarqué d’une Tesla, et pourrez lancer des jeux vidéo AAA via la plateforme Steam, en roulant, pendant que le véhicule s’occupe de vous amener à destination.

Pour effectuer ce genre d’action, il y a fort à parier qu’un processeur puissant sera bien entendu indispensable, ce qui explique sans doute le choix de l’AMD Ryzen dès aujourd’hui. Les véhicules de la marque étant proposés à un prix compris entre 50 000 et 140 000 euros, il faut en effet dès maintenant proposer un système qui soit prêt à affronter le futur, sans qu’il y ait besoin de repasser à la caisse à chaque évolution.

Et si nous nous dirigions vers un Tesla App Store ?

Outre une future plateforme qui permettrait de jouer à des jeux très gourmands en ressources, l’idée d’un magasin d’applications propre à Tesla revient régulièrement sur le devant de la scène : cela aurait sans doute beaucoup de sens.

À la manière de l’App Store d’Apple ou du Play Store de Google, une plateforme qui permettrait à des développeurs de proposer des applications tierces pour une Tesla est séduisante pour de nombreux propriétaires, et le sera pour le constructeur, lui assurant une source de revenus substantielle grâce à la vente d’applications payantes.

Si certains possesseurs de Tesla râlent depuis des années pour, par exemple, obtenir Apple Music dans leur véhicule, ou bien Waze, et qu’Android Auto et Apple Carplay n’arriveront probablement jamais, avoir un magasin d’applications comblerait instantanément l’immense majorité des demandes.

Il serait alors simple de pouvoir utiliser le grand écran central pour y afficher ce que souhaitent les passagers du véhicule, que ce soit un jeu, une vidéo, de la musique ou encore des applications de planification de trajets plus perfectionnées que ce qui est actuellement proposé.

Une vision inédite de l’infodivertissement

Comme c’est le cas dans de nombreux autres domaines, Tesla fait bande à part avec son système d’infodivertissement en décidant de s’émanciper du reste de l’industrie qui ne semble pas avoir les mêmes ressources en termes de développement logiciel.

Si quelques autres constructeurs (Volkswagen, Ford, ou bien les derniers nés comme Rivian) ont aussi suivi le pas en matière de mises à jour à distance, personne n’a décidé de développer un système aussi complet et indépendant que celui de Tesla — bien que le système embarqué MBUX de Mercedes est prometteur, mais payant.

Au sein d’une Renault Mégane E-Tech ou Volvo C40 Recharge, Android Automotive propose aujourd’hui des fonctionnalités intéressantes, ainsi qu’un Play Store pour télécharger des applications et améliorer l’expérience globale. Mais le contrôle qu’à Renault ou Volvo sur tout cela restera nécessairement très limité.

Android Automotive au sein du Volvo XC40 Recharge Twin / Source : ACE Team pour Volvo Cars France

Tesla profite de son intégration verticale et de son savoir-faire logiciel pour tout contrôler. Le pari sur le long terme est le suivant : minimiser les coûts tout en garantissant une expérience excellente sur l’ensemble de ses véhicules.

Aujourd’hui, cela s’effectue via l’écran central qui est contrôlé par une puce AMD Ryzen. Mais demain, cela pourrait être géré par un processeur développé en interne, comme ce fut le cas pour l’ordinateur de conduite entièrement autonome qui a remplacé l’ancien ordinateur Nvidia depuis 2019.

Avec une telle puissance embarquée aujourd’hui, Tesla impressionne et montre qu’elle est capable de proposer à la fois des véhicules puissants, capables de réaliser des grands trajets en toute simplicité à l’aide du réseau de Superchargeurs, mais qui pourront également proposer des fonctionnalités inédites dans le futur.

Cyberpunk à bord d’une Tesla // Source : Reddit

Aujourd’hui toutefois, il est clair que la puissance de l’AMD Ryzen est sous-exploitée, mais cela ne durera pas éternellement. Les premières fonctionnalités exclusives à cette plateforme pourraient voir le jour avant la fin de l’année 2022, la rumeur étant que l’App Store de Tesla serait prévu en amont des premières livraisons de Cybertruck.


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