Apple : tout ce qui change sur l’iPhone en Europe

 

Alors que le Digital Markets Act est entré en application, Apple a dû ouvrir iOS, le système d'exploitation de ses iPhone. Tour d'horizon des changements apportés, avec au programme : App Store, Apple Pay, ou encore WebKit.

Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Ce 6 mars 2024, le Digital Markets Act est entré en application. Pour rappel, il s’agit d’une loi européenne ambitieuse qui a pour but de réguler les marchés numériques et de rétablir une meilleure concurrence entre les acteurs. Par son nombre d’utilisateurs, iOS fait partie des quelques services qui doivent respecter des règles plus strictes : le système d’exploitation est considéré comme un « gatekeeper ». C’est pourquoi il subit des changements importants au sein de l’Union européenne. Voici ce qui change sur l’iPhone avec l’arrivée du DMA.

Nous avons couvert dans divers dossiers tous les changements induits par le DMA chez les plus grandes entreprises des nouvelles technologies que nous vous invitons à lire :

L’App Store voit la concurrence débarquer, le cloud gaming arrive enfin véritablement sur iOS

Dans sa dernière mise à jour d’iOS (la version 17.4), Apple a été contraint d’ouvrir à un certain point son système d’exploitation. Tout d’abord, c’est la fin du monopole de l’App Store : d’autres magasins d’applications sont disponibles sur iOS. Certains sont déjà là : c’est le cas de Setapp, qui existait déjà sur Mac. On sait aussi que l’AltStore pourrait finir par arriver : c’est une boutique qui existe depuis 2019. Par ailleurs, Mobivention et MacPaw arriveront également.

Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Dans les paramètres de l’iPhone, on peut définir une boutique comme magasin d’applications par défaut. Cela permet de chercher des applications disponibles dessus via la recherche Spotlight. Ces boutiques alternatives peuvent y publier/vendre les applications qu’elles souhaitent, ou presque. En fait, Apple met en place des frais d’installation pour chaque application et garde un certain contrôle sur celles qui y sont disponibles à des fins de sécurité. Enfin, une nouvelle fonctionnalité va faire son apparition : elle permettra de télécharger des applications directement depuis le site web d’un développeur.

Cependant, si vous quittez temporairement l’Union européenne, au bout d’un certain temps (non indiqué par Apple), vous perdrez accès aux magasins alternatifs d’applications. Une fois que vous reviendrez sur le Vieux Continent, vous en récupérerez l’accès.

Pour les applications distribuées alternativement (soit via un magasin alternatif ou via un site), elles peuvent ne pas fonctionner avec certaines fonctionnalités d’iOS. Dans un document décrivant tous les changements liés au DMA publié par Apple, on peut lire que « des fonctionnalités telles que les restrictions sur les achats intégrés dans le temps d’écran et le partage d’achats familiaux, l’achat universel ainsi que la demande d’achat ne sont pas prises en charge sur les applications distribuées alternativement ».

Source : Mariia Shalabaieva sur Unsplash

D’autres acteurs pourraient arriver par la suite sur ce marché. On pense évidemment à Microsoft, qui serait intéressé avec sa boutique Xbox. Epic Games est bien sûr l’autre grand acteur attendu, avec un potentiel Epic Games Store.

L’entreprise s’est liguée contre Apple pour les commissions qu’elle prenait sur l’App Store : avoir son propre magasin devrait grandement l’arranger.

Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Quant aux applications publiées sur l’App Store, les commissions prises par Apple sur les ventes sont réduites : elles sont de 30 % (ou de 15 % pour les petits développeurs) en dehors de l’UE. Au sein de l’Union, elles sont à entre 17 et 20 % (entre 10 et 13 % pour les petits développeurs). Cependant, les développeurs peuvent toujours vendre leurs applications en dehors d’une boutique et même utiliser leur propre système de paiement, pour éviter de payer la commission à Apple.

Cependant, dès qu’une application est installée en dehors de l’App Store, son éditeur doit payer une taxe de 50 centimes à Apple. Toutes ces restrictions vont réduire le nombre de boutiques alternatives et d’applications pouvant être installées depuis un site Internet. On imagine que la très grande majorité des utilisateurs resteront avec l’App Store et ne changeront pas.

Le cloud gaming sur iOS

Parmi les changements davantage mineurs, il y a l’ouverture de l’App Store aux services de cloud gaming, et par extension, l’ouverture d’iOS à ces services. Jusqu’à maintenant, il fallait passer par le navigateur pour jouer sur GeForce Now. De quoi apporter davantage de finitions et d’intuitivité à ces services. Pour le Xbox Cloud Gaming en revanche, il n’arrivera pas sur iOS : Microsoft regrette qu’Apple fasse les choses à moitié et tente de bloquer ses concurrents.

Apple Pay n’est plus tout seul : les banques pourraient même s’en passer

Apple Pay n’est plus seul non plus avec l’arrivée du Digital Markets Act. Apple a dû se résoudre à ouvrir le système d’exploitation des iPhone à d’autres systèmes de paiement. Les applications ont dorénavant le choix de passer par n’importe quel autre système de paiement.

Apple Pay // Source : CardMapr sur Unsplash

Certaines banques pourraient d’ailleurs quitter Apple Pay, puisque ce dernier engendre des frais de commission, qui ne seraient alors plus pour leur pomme (vous l’avez ?). Dans les paramètres d’iOS, on peut désormais définir une application de paiement sans contact par défaut.

Les navigateurs web concurrents de Safari enfin libres

Safari non plus n’est plus tout seul en tant que navigateur web lors de la configuration : depuis iOS 17.4, plusieurs navigateurs sont disponibles lors de la configuration. Pas exemple Brave note une nette augmentation de ses installations depuis qu’il est disponible à la configuration de l’iPhone. En France, ceux-ci sont disponibles :

Le logo du navigateur Safari // Source : Mariia Shalabaieva via Unsplash

On peut en choisir un différent de Safari par défaut, afin d’ouvrir automatiquement les liens depuis le navigateur que l’on souhaite. De plus, les navigateurs ne sont plus obligés d’utiliser WebKit, le moteur de rendu maison d’Apple. De quoi décupler les fonctionnalités disponibles dans Chrome, Firefox et compagnie. C’est ce qui était demandé depuis longtemps par les concurrents de Safari.

Cependant, WebKit arrivera dans toutes les PWA, les Progressive Web Apps. Apple souhaitait les supprimer, mais a fait machine arrière, probablement pour éviter d’avoir des problèmes avec la Commission européenne. Fin 2024, un outil permettant de changer de navigateur et « permettant d’exporter et d’importer des données de navigation pertinentes dans un autre navigateur sur le même appareil » arrivera.

Aussi, il sera possible de définir une autre application qu’Apple Plans en tant qu’application de navigation par défaut. Google travaille à laisser la possibilité d’utiliser Google Maps ou Waze. Cela pourrait être disponible à la sortie d’iOS 18 en septembre prochain.

Il sera plus facile de passer d’un iPhone à un smartphone Android

Il sera également plus facile de passer d’un iPhone à tout autre smartphone (principalement Android) : cela fait partie des exigences du DMA. Cela donnera l’occasion à Google, Samsung ou encore Xiaomi d’améliorer leurs applications de transition. Des outils qui sont prévus pour l’automne 2025.

Désinstallez toutes les applications de l’iPhone : c’est (presque) possible

Le Digital Markets Act demande aussi aux principaux systèmes d’exploitation la possibilité de désinstaller des applications préinstallées sur l’écran d’accueil. Sur l’iPhone, cela concerne notamment Safari, qui pourra complètement être désinstallé d’ici fin 2024.


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